Japon,  Journal d'un artisan

Retour aux sources du Kimono originel

kimono traditionnel représentant des grues
Kimono traditionnel

Je viens de recevoir l’un des rares livres en français, traitant des Takumi : « Takumi, l’artisanat traditionnel japonais » aux éditions de Tokyo :

livre Takumi l'artisanalt tradtitionnel du Japon

Quel bonheur de trouver un chapitre dédié à un Takumi (maître artisan) spécialisé dans la peinture Kyô yuzen (京友禅), sur des Kimono, Machiko Ueno de son nom. C’est une technique complexe que je ne vais pas détaillée ici, à moins de recopier littéralement les infos trouvées sur le net, mais ce n’est pas le but de cet article.

Machiko Ueno san, takumi en peinture Kyo Yuzen sur Kimono
Machiko Ueno

Toutefois, si vous souhaitez en savoir plus sur cet art, j’ai trouvé un article très complet et détaillé sur le site de « Japan Expérience« . Le problème, lorsque je commence à aller chercher des informations sur un sujet aussi précis, c’est que je peux y passer des heures. J’aime rechercher la source de la source et je finis toujours par ne plus voir le temps passer. Sauf que le temps ne se rattrappe jamais.

En lisant le chapitre lui étant consacré, j’ai pris conscience de mon ignorance sur la source même de mon travail : le Kimono. Bien évidemment, mes créations sont loin d’égaler la finesse et l’esthétisme épuré d’un véritable Kimono. On pourrai dire que je fabrique plutôt des Haori (veste qui se met par-dessus un Kimono), mais c’est avant tout une histoire de symbole.
J’aurais pu me spécialiser dans de nombreux types d’articles, plus communs au crochet, tels que les écharpes, les bonnets, les sacs, les châles ou les robes mais aucun de ces articles ne fait raisonner en nous cet accent nippon si cher à mon coeur.
Donc j’ai choisi le Kimono, à ma façon et en appliquant les techniques du crochet si vastes, qu’une vie ne me suffira pas à toutes les exploiter comme je le voudrais.
Le fait de replonger dans les bases de confection d’un Kimono traditionnel m’ont permis de découvrir ces quelques informations non négligeables:

  1. Un Kimono se travaille sur un seul et même pan de tissu de 13 m de long pour 38 cm de large. Dans cette bande de tissu seront découpées 8 parties : 2 pour la moitié du devant et du dos, 4 pour les manches et 2 pour Okumi (衽 bande qui longe le bord de l’ouverture du Kimono)
  2. Un Kimono se ferme toujours sur la partie droite. Le côté gauche doit donc recouvrir le côté droit.
  3. La longueur des manches dépend de l’âge, le sexe et le statut (célibataire ou non). Plus la manche est longue, plus le Kimono est destiné à une femme célibataire pour résumer. Les manches les plus courtes sont pour les enfants.
  4. Il existe des motifs et des couleurs traditionnels. Dans l’ouvrage « Kimonos » de Liza Crihfield (que j’attends de recevoir avec une impatience enfantine), il existe dix coloris, dont l’indigo (le plus connu). D’ailleurs un des Takumi présenté dans l’ouvrage éponyme, est spécialisé dans la teinture à l’Indigo.

Ce que je peux en retirer

Lorsque je commence un nouveau projet, vient la sempiternelle question des dimensions.
Or, si tous les Kimono sont travaillés sur un pan de tissu de 38 cm de large, cela me donne une solide base de travaille autour de cette donnée. Non seulement cela me donne une base pour les dimensions de mes gilets, mais cela va me permettre d’établir des règles de confection, à savoir que la longueur de la manche devra être identique à la largeur d’un demi devant, ou de la moitié du dos.
Ensuite, il y a cette histoire de sens de fermeture. Lorsque je place mes liens d’attache (je ne mets jamais de fermeture autre, c’est une de mes premières règles), je me demande à chaque fois si je les place de façon à fermer sur le devant droit ou le devant gauche.
Dorénavant, je ne me poserai plus cette question et appliquerai la règle du Kimono.
Concernant les couleurs, je vais sérieusement me pencher sur la question et tenter de trouver ces fameux dix coloris. Je n’aurai alors plus me demander quelles couleurs je vais devoir commander à mes fournisseurs habituels. Tout comme KojimaSan qui fabrique son propre papier pour son artisanat, j’espère un jour, pouvoir teindre moi-même mon fil avec des pigments naturels et aller même jusqu’à cultiver mes plants d’indigo (j’ai déjà essayé pour tout vous dire mais les sécheresses répétitives de cet été les ont massacré).

Plus j’avance dans mon métier, plus je distingue une sorte de charte de confection. Cette charte me permettra de libérer ma créativité sur le design même de mes projets. Tout comme la peinture peut rendre unique un Kimono, mon pinceau sera mon crochet et mes tubes de couleurs seront mes fils.

Il ne me reste plus qu’à l’appliquer à mon projet en cours, qui fera l’objet de mon prochain article.

またね